• Le saule du samuraï

    J'essaye d'éviter de trop copier-coller de Wikipédia, mais, quand j'ai lu ce conte, j'ai été emportée pas l'histoire (bien écrite). J'ai donc voulu vous la faire partager. Au passage, l'image ci-dessus ne représente pas un saule pleureur, mais je n'en ai pas trouvé d'autre.

    Les bouddhistes Japonais placent une âme dans certains arbres; notamment dans les saules pleureurs. Cette âme a de mystérieux pouvoirs pour le mal comme pour le bien.

    Le saule du samuraï

    Le samouraï Matsudeira possède, dans son jardin, un saule pleureur magnifique aux feuilles argentées, .

    Voici qu'un jour, sans aucune raison apparente, sa femme tombe gravement malade et meurt. Peu de temps après, son fils se casse la jambe. Matsudeira se demande si le saule n'est pas à l'origine de ces accidents. Plutôt que de l'abattre, il le propose à son voisin, Inabata, qui accepte immédiatement.

    Un matin, ce dernier a la surprise de voir une femme d'une merveilleuse beauté appuyée contre le tronc du saule.

    Inabata est veuf et sans enfant. Il propose à la ravissante créature de le suivre en sa modeste demeure. Quelque temps après, conquis, il lui demande sa main. L'année suivante naît un délicieux petit garçon qu'on nomme Yanagile saule.
    La famille vit dans le bonheur pendant cinq ans.

    Voici qu'un des piliers soutenant le temple de Sanjusangendo s'effondre. Le daimyo consulte les prêtres. Ces derniers lui expliquent qu'il faudrait faire la réparation à l'aide du tronc provenant d'un saule. Il faut un grand et large saule pour tenir le temple. On lui signale que dans le jardin de son vassal Inabata, pousse un tel arbre. Il décide d'abattre le végétal et de le faire transporter au temple.

    En apprenant cela, Inabata va trouver sa femme pour lui raconter son souci. Alors celle-ci lui dit: "J'ai un aveu à vous faire mon cher ami. Vous ne m'avez jamais demandé comment je suis venue à vous...Je suis l'âme du saule. Quand vous m'avez accueillie chez vous, j'ai ressenti une immense gratitude envers vous. Nous nous sommes mariés. Nous avons eu un enfant. Maintenant je sais qu'il me faut mourir car vous ne pouvez pas désobéir à votre Seigneur...Adieu". La femme avance vers l'arbre et disparaît dans le feuillage.

    Les bûcherons arrivent; abattent l'arbre sans prêter attention aux supplications du malheureux Inabata. Maintenant, le saule gît sur le sol. Il ne reste plus qu'à le transporter. On tente de le soulever sans succès. L'arbre résiste comme soudé au sol. Les bûcherons vont chercher du renfort; rien à faire,. L'arbre ne bouge pas. Trois cents hommes sont appelés à la rescousse. Le saule ne bouge toujours pas d'un centimètre.

    Alors le petit Yanagi s'approche à son tour du saule, en caresse les feuilles argentées et lui murmure simplement: "Viens". Il saisit une branche. Tiré par la main minuscule, l'arbre cède à la douce prière et suit l'enfant jusqu'à la cour du temple.

    Source: Contes et légendes du Japon, F. Challaye, Collection des contes et légendes de tous les pays, Fernand Nathan 1963


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  • Les arbres-nains, conte japonais

    Ce conte, que je trouve touchant, m'a pas mal marqué. Les arbres-nains, pour ceux qui ne connaissent pas, sont des bonsaïs (cf ci-dessus), c'est-à-dire des arbres miniatures, cultivés de façon à avoir une forme particulière. Laissez-vous tenter!

    Les arbres-nains

    Tomonari et sa femme ont pour toute richesse trois arbres nains : un thuya âgé de cent ans, un pin âgé de cent vingt ans et un érable âgé de deux cents ans.

    Tous deux prodiguent à ces plantes les soins les plus attentifs. Très pauvres, manquant du nécessaire, ils n'auraient jamais songé à vendre ces arbres nains dont ils auraient cependant pu tirer un bon prix.

    Un jour, alors qu'ils sont dans la pire des misères. On frappe à la porte. Ils ouvrent et voient devant eux un moine mendiant qui leur demande un repas et l'hospitalité pour quelques heures. Dehors il fait froid, il neige et il vente.

    - « C'est impossible », répond Tomonari. « Nous sommes si pauvres que nous n'avons rien à manger. Quant à se chauffer, c'est hors de question. »

    - « Je vous demandais l'hospitalité au nom de Bouddha, notre maître? Puisque vous ne pouvez pas m'accueillir... »
    Le moine salue et s'en va sous la neige, pieds nus, chaussé de ses seules getas.

    Les deux époux se regardent tristes et humiliés. Prise de remords, la femme lui dit: « Va chercher le prêtre. Nous partagerons ce qu'il y a... »

    Le mari enfile à son tour ses getas et se lance à la poursuite du prêtre. Il n'a pas loin à aller. Le malheureux, épuisé, s'est laissé tomber sur la neige. Il le ramène chez lui et lui sert la galette de millet sèche qu'ils ont mise de côté pour le repas du lendemain. Le prêtre se jette sur cette maigre nourriture avec avidité.

    Voyant que leur hôte grelote de froid, Tomonari s'adresse à sa femme:

    - « Il faudrait réchauffer ce malheureux. »

    Oui, mais avec quoi. Les deux époux se regardent avec angoisse. À moins que...Il faut brûler les arbres-nains. Avec des larmes dans les yeux, sa femme se saisit du thuya centenaire, le met en pièces et allume un feu. Le végétal a tôt fait de se consumer. Il faut maintenant alimenter la flamme avec le pin; puis c'est au tour de l'érable.

    Tomonari et sa femme n'ont plus rien. Ils ont tout donné; même ce qu'ils ont de plus cher. Ils peuvent être fiers. En se délivrant de tout attachement égoïste, ils se sont rapproché du Nirvâna. Le Bouddha doit être content d'eux.

    Source: Contes et légendes du Japon, F. Challaye, Collection des contes et légendes de tous les pays, Fernand Nathan 1963.


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