• La pêcheuse de perles

    J'ai choisis aujourd'hui la légende de la pêcheuse de perles, qui est une légende assez ancienne issue du folklore japonais. Je remarqué que l'on y retrouve le dilemme entre l'amour et l'honneur (ou argent). Pour information, une ama est une plongeuse japonaise, qui use de l'apnée pour se maintenir sous l'eau. Auparavant, ces femmes remarquables pêchaient des perles. Maintenant est venu le tour des oursins et des ormeaux (apprenez-en plus ici!). Le texte a encore été remanié par mes soins, mais la source d'origine est ici. En tout cas, bonne lecture à tous~

     

    La pêcheuse de perles

    Il y a bien longtemps, l’empereur de  Chine désira faire un cadeau à l’empereur du Japon. Il choisit trois magnifiques bijoux, dont un rubis splendide, et fit venir son émissaire afin qu’il emporte les cadeaux à l’empereur.

    Mais pendant le voyage, l’émissaire fut attaqué par Ryujin, le Roi des Dragons de l’Océan qui lui vola le rubis, le plus beau de tous les bijoux. Désespéré, l’émissaire arriva à la cour impériale, expliquant à l’empereur du Japon le vol dont il a été victime. Ce dernier, désireux de récupérer le bijou à n'importe quel prix, envoya son premier ministre à Shido, ville située sur la côte japonaise non loin de l'endroit du larcin.

    En arrivant à Shido, le premier ministre réfléchit longtemps à la meilleure façon de récupérer le bijou. Il s'informa sur les coutumes du Roi des Dragons auprès d'un pêcheur. Ce qu'il apprit ne fut guère de nature à le rassurer. Mais il rencontra une jeune et jolie pêcheuse de perle, une ama, et se dit qu'il pourrait peut-être l'amener à l'aider. Néanmoins il ne savait comment s’y prendre pour lui demander d’aller chercher le bijou, la  tâche étant périlleuse. L'homme tombant finalement amoureux d’elle, il finit par l’épouser et à vivre avec elle à Shido. Un an plus tard,  ils sont les parents d’un petit garçon.

    La plongeuse demande alors comme une grande faveur au premier ministre  de faire de leur fils son héritier unique. Le premier ministre, voyant là un moyen de remplir enfin sa mission et  peu désireux de revenir à Kyoto sans le rubis, accepte sa demande à condition qu'elle aille reprendre le joyau volé au Roi des Dragons. C'est une condition terrible, mais la plongeuse donne son accord et reprend son dur labeur. Ainsi chaque jour elle plonge, plonge encore, de plus en plus profond, mais sans succès, elle ne trouve pas ce qu'elle cherche.

    Un jour enfin, au plus profond de l'océan, elle aperçoit le palais du Roi des Dragons, devant l‘entrée duquel des monstres horribles montent la garder. Maîtrisant sa peur, elle s'approche avec précautions et découvre que tous les gardiens sont endormis et que personne d’autre ne semble en vue. Nageant aussi vite que possible, elle arrive jusqu'au trône du Roi des Dragons. Elle y voit le magnifique joyau resplendissant de mille feux malgré la lumière glauque qui pénètre au fond de la mer. Sans hésiter, elle s'en empare et retourne vivement vers la sortie. Elle commence sa longue ascension en direction de son embarcation qui l'attend à la surface.

    Malheureusement le Roi des Dragons, sans doute alerté par les mouvements de l’eau, se réveille soudain et, constatant la disparition du joyau, se lance immédiatement à sa poursuite. Il est un bien meilleur nageur que la pêcheuse de perles, bien plus rapide qu’elle, et sait qu'il va la rattraper avant qu'elle n'atteigne son bateau. Terrifiée, la plongeuse se rappelle subitement que le Roi des Dragons ne supporte absolument pas le sang des êtres humains. Déterminée à réussir et n'ayant pas d'autre choix, elle sort son couteau de l'étui pendu à sa ceinture et s'ouvre la poitrine d'un seul coup. Elle glisse le précieux bijou dans la plaie pendant que la mer se teinte de son sang. Lorsqu'elle se retourne, elle voit le rictus de rage et le regard courroucé du Roi Dragon disparaître dans un nuage rouge. Saignant abondamment et épuisée, elle atteint enfin la surface de l'eau où elle est hissée dans le bateau par les rameurs. Elle a tout juste le temps d'indiquer l'endroit où elle a caché le bijou avant de mourir.

    Le premier ministre retourne à Tokyo accompagné par son fils pour remettre le bijou à l'empereur. Il tient sa parole en faisant de l'enfant son unique héritier et, reconnaissant, ordonne également d'élever un monument à la mémoire de la belle et loyale pêcheuse de perles qui a donné  sa vie pour son enfant.

    Le monument se trouverait toujours au temple de Shido-ji. Je joint une photo de ce même temple, mais sans savoir si l'on distingue le mémorial:

    La pêcheuse de perles

     

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  • J'ai découvert aujourd'hui Gojin Ishihara lors de mes recherches de T.P.E., et m'y suis penchée de plus près. Sa biographie étant difficile à trouver, je peux simplement vous dire que cet artiste de kamisaibaï, petit théâtre de rue où le conteur appuie son récit sur ses dessins présentés dans une boite en bois, s'est concentré sur l'illustration après l'arrivée massive des téléviseurs, signant la fin de son ancien métier.

    Il a notamment publié un livre d'illustrations pour enfants dans les années 1970, Macabre kids book art, ainsi que Illustrated Book of Japanese Monsters, s'inspirant de récits japonais populaires, et piochant à loisir dans le folklore du pays. Personnellement, je trouve que certaines font vraiment peur pour des enfants de huit ans! Mais bon, quand on entends certaines histoires de monstres nippons, ce n'est sans doute que culturel (je peux vous dire qu'on fait pâle figure avec nos sorcières! xD).

    Sinon, comme mon T.P.E. porte en partie sur Hokusai, je ne peux que faire remarquer la ressemblance entre certaines illustrations de Gojin Ishihara et le maître de l'estampe Ukiyo-e. Je vous laisse donc frissonner devant mes illustrations préférées, et vous invite à aller visiter ce site, qui en regroupe beaucoup d'autres, avec leurs noms et leurs dates ~ (Maintenant, vous êtes sûr d'avoir droit à une flopée d'articles sur les monstres japonais dans peu de temps xD)

    (Cliquez sur les images pour les voir en taille réelle)

    Gojin Ishihara  Gojin Ishihara  Gojin Ishihara  Gojin Ishihara

     

    1.  Rokurokubi (femme au long cou), Illustrated Book of Japanese Monsters, 1972

    2. Jorōgumo (araignée-prostituée), Illustrated Book of Japanese Monsters, 1972

    3. Yūrei (fantômes), Illustrated Book of Japanese Monsters, 1972

    4. Tengu (oiseaux-démons), Illustrated Book of Japanese Monsters, 1972


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